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Claude Paysan

Un peu à droite, près d’une table sous la fenêtre, il y avait une huche. À gauche, une longue armoire brune était appuyée aux murs ; elle s’ouvrait par deux portes parallèles en deux compartiments semblables ; l’un contenait la maigre lingerie de la maison, les couvertures, les serviettes, l’autre la vaisselle. Et quand quelqu’un marchait lourdement, on entendait les assiettes et les plats qui dansaient avec leurs cliquetis particuliers.

Sur l’autre côté du logis dont il occupait tout le pan, il y avait encore un immense meuble noir et fruste, sans porte, sans tiroir, étendu le long du mur comme une boîte couchée.

Pendant le jour ce pouvait être un banc, car on s’asseyait dessus tout naturellement ; le soir, ça se disloquait, ça s’entre-bâillait sur le flanc comme une huître et ça devenait un lit.

Enfants, les poings sur les yeux, ils avaient tous dormi là-dedans leurs premiers rêves, les petits Drioux. Maintenant, que Claude grandi avait hérité de la chambre d’honneur sous le toit, ce meuble ne s’ouvrait plus.

Tout autour du logis, suspendus avec ordre, c’étaient des herbes sèches en paquets, un costume de travail à Claude, une capeline à sa mère, des ustensiles de cuisine à côté de l’armoire, un portrait jauni de Papineau, une vieille croix sans Christ, puis une image ancienne de Pie IX.

C’était là la maison de Claude et de mère Julienne.

… Comme la neige crépitait toujours, chuchot-