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Claude Paysan

ture finie, portes et fenêtres closes, les malles remplies, — les Tissot s’étaient envolés un bon matin pour la grande ville.

Claude ne l’avait su qu’après coup par sa mère ; car lorsque Fernande était venue pour leur dire le bonjour avant son départ, il n’y était pas, lui. Dans une large brouette elle leur avait fait apporter en même temps, au nom de madame Tissot, différentes choses, victuailles et lingeries, inutiles et même de trop pour eux, maintenant qu’ils partaient.

… Malgré sa gêne devant cette demoiselle il aurait aimé être là pour l’adieu de départ ; il l’aurait remerciée lui aussi peut-être… il ne savait pas trop. Pourtant, c’eut été très convenable, pensait-il … puis tout à coup, l’air convaincu, en continuant de songer, il se disait qu’il était bien content au fond d’avoir alors été absent… Oui, vraiment, ça l’aurait trop gêné… décidément, oui…

Il allait reprendre un autre sillon, mais il s’aperçut qu’il ne distinguait plus bien… Tiens, déjà le soir… se murmura-t-il.

Alors Claude arrêta ses chevaux sur le cintre, décrocha des palonniers les anneaux des traits, fit jouer les ardillons des boucles, et la charrue devenue libre se pencha, se coucha sur le sol, s’appuyant le long de son mancheron comme sur un coude pour son froid repos de la nuit.

… Quand il entra au logis, ayant d’abord conduit à l’étable ses chevaux caressés d’une dernière tape amicale aux flancs, il eut un regard chercheur…

Non… La vieille mère Julienne était bien seule.