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Claude Paysan
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ensuite, comme il y avait une chaise auprès de lui, voilà qu’il s’était assis tout doucement, immobile, l’air absent.

En silence, il repassait dans cet éveil distrait des souvenirs bizarres, des visions, des réflexions fantaisistes, des images vagues… une infinité de choses indécises et sans forme.

Comme en songe, il entendait en bas les pas traînants de sa mère, le bruit particulier du loquet de la porte qu’elle avait poussé, le souffle fatigué dont elle avait éteint la bougie… Et il ne pouvait pas s’arracher à cette inertie qui lui appesantissait l’esprit, le clouait sur sa chaise, l’empêchait malgré lui de gagner son lit et de s’y étendre sans souci, sans rien.

Ça tourbillonnait dans sa tête dans une succession rapide de conceptions et de souvenirs tantôt tristes, tantôt souriants… Brusquement une larme chaude avait jailli de sa paupière et ceci l’avait réveillé tout-à-fait.

C’est qu’à ce moment-là probablement, la pensée de son père mort le reprenait plus vivement et lui rappelait les meurtrissures de son cœur encore souffrant.

Alors, se levant lentement, une main noyée dans les mèches épaisses de ses cheveux, il gagna son lit et s’y plongea comme pour s’ensevelir.