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IV


Minuit bientôt, et il veillait cependant encore. Pourquoi ne dormait-il point ?…

Il était pourtant fatigué de sa rude journée de travail ; et quand il eut monté le petit escalier, à marches raides et toutes usées aux clous des souliers, il s’était jeté à genoux pour sa courte prière du soir : une singulière prière qu’il essayait toujours de reprendre machinalement sans pouvoir la terminer.

Après quelques phrases, il se perdait dans les mots, mêlait les Pater et les Ave, s’embrouillait tout-à-fait et ne savait bientôt plus où il en était rendu.

Une bonne fois, il s’aperçut qu’il disait : Ainsi soit-il… Ce devait être tout.

Alors, son grand signe de croix achevé, il s’était relevé, l’esprit en apparence libre de soucis, disposant tout pour son réveil, en garçon sage qui va se coucher bien tranquille en prévision des durs labeurs du lendemain.

… Elles étaient encore blanches et suffisamment fraîches les fleurs qu’il conservait dans un petit vase dépoli, sur une table de sa chambre… ces fleurs que Fernande avait cueillies et liées ensemble et qui étaient restées deux jours à répandre leur odeur délicieuse sur le sommeil éternel du père Claude.

Il les avait d’abord longuement regardées, ces pauvres fleurs encore odorantes d’un reste de parfum et