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Claude Paysan

elle ouvrait la porte, mais une rafale passait qui écrasait la flamme et l’éteignait tout de suite… Alors, à tâtons, elle remettait la lampe sur la table et retournait.

Du haut du perron, entre les coups de vent, elle avait appelé, craintivement d’abord, puis plus fort, de sa vieille voix cassée et étranglée par l’angoisse : Claude !… Claude !…

Elle s’imaginait entendre un cri… quelque chose… un son… Elle s’élançait vers ce son, mais déjà elle n’entendait plus rien… ce n’était que le craquement des branches tordues par les bourrasques… C’est alors que perdue dans la nuit, guettant le moindre bruit qui put lui faire découvrir son Claude, elle s’était mise à s’agiter ici et là, à courir aux alentours, guidée uniquement par son habitude des êtres… Puis elle s’éloignait, s’éloignait avec de temps en temps cet arrêt dans le vent et l’appel de détresse navrante… Claude !… Claude !…

Toujours rien…

Elle cherchait, enfonçant un instant son regard dans les massifs d’ombre et elle repartait tout de suite. Sans s’en apercevoir, instinctivement entraînée, elle s’était rendue chez Jacques… Elle frappait à coups précipités dans la porte… Grand Dieu ! qu’on retardait à ouvrir… elle frappait encore… Jacques parut.

Elle vit tout de suite que Claude n’y était pas… À quoi bon alors le demander, perdre du temps :

— Venez Jacques… vite Jacques… c’est Clau-