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LII


C’était maintenant tout à fait la nuit, tard.

Dans les clairs-obscurs subits et si vite évanouis que faisaient par intermittences les reflets de nuage on entrevoyait une vieille femme qui se glissait comme un fantôme autour du logis pauvre de Claude. Elle fouillait de son regard, agrandi et profond, dans les recoins des haies, aux rebords des chemins, aux pieds des arbres.

De temps en temps, quand ça devenait absolument sombre et que ses yeux se perdaient à ne plus voir que de la suie, rien que de la suie, elle s’arrêtait et appelait : Claude !… Claude !…

Alors, comme Claude ne répondait point, elle se reprenait à marcher lentement pour mieux regarder, puis bientôt à courir, les mains en avant, au hasard, au risque de se briser le crâne. Et le vent qui continuait à souffler en bourrasques sinistres, tourmentait sa vieille chevelure, lui arrachait son châle des épaules, enroulait sa jupe dans ses jambes.

Et elle allait ainsi, des fois très vite vers un but quelconque quand un peu de lumière venait d’en haut, puis elle changeait d’idée brusquement, revenait sur ses pas, courait ailleurs, affolée.

C’était la mère Julienne… C’était la nuit…

… Elle avait entendu sonner huit heures… puis neuf heures… Claude était allé sans doute chez