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Claude Paysan
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Claude regardait là-bas le clocher qui commençait à s’estomper dans la brume… Dong…

… Les cheveux au vent, quelqu’un accourait en suivant le large chemin le long de la rivière… p’tit Louis… De loin il faisait signe à Claude… une bonne nouvelle sans doute à lui apprendre… Il approchait, il arrivait, presque souriant…

Mais comme s’il eût réfléchi soudain à quelque chose, il s’était arrêté subitement devant Claude et ne disait rien…… Dong…… Celui-ci le regardait sans rien dire non plus… Alors, p’tit Louis, les yeux baissés, au bout d’un moment :

— Tu sais, Claude, c’est mademoiselle Fernande qui est morte…

— Fernande ?… oui… je le… savais… répondit-il simplement, avec une intonation étrange, changée… P’tit Louis ne reconnaissait plus ce timbre de voix-là… Dong…

… Et ce fut de nouveau une carillonnée qui suivit, et le même silence horrible après, écrasant et terrible comme pour annoncer l’anéantissement de tout, l’effondrement des fins de monde.

Claude s’était machinalement jeté à genoux pour réciter une prière de son temps d’enfant… une prière qui, sur ses lèvres, prenait tout à coup une ferveur suprêmement confiante, qui s’envolait comme un élan d’âme vers l’infini d’en haut à la suite d’une autre âme, déjà rendue…… Dong………

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

… Maintenant, très pâle mais très ferme, il descendait lentement vers la rive du Richelieu… Oh !