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LI


Le crépuscule d’un des premiers soirs d’octobre descendait, un crépuscule terne et brumeux, coupé de violentes rafales chaudes comme il en souffle souvent sur nos luxuriantes vallées, les soirs hâtifs d’automne.

Et à chaque rafale, les feuilles, brusquement arrachées des arbres, tourbillonnaient, s’abattaient sur le sol où le vent les pourchassait dans la poussière grise… D’autres étaient aussi entraînées à la rivière à qui elles faisaient de nombreuses mouchetures jaunâtres… Et il en tombait beaucoup, par nuées, par orages.

Sur le bord de la rivière, Claude était assis au grand air, le front songeur, son chien à ses pieds. Il regardait vaguement cet effeuillement général, le balancement monotone des branches, les vagues mouvantes du Richelieu qui devenaient de plus en plus hautes, de plus en plus furieuses sous l’intensité croissante des vents du sud. Son canot, amarré à la grève, ricochait sur les embruns en démence.

Tête nue, sans qu’il parût s’en apercevoir, il laissait ses épaisses mèches de cheveux lui fouetter la figure.

… Ce Jacques qui était revenu maintenant, il y pensait.