Page:Choquette - Claude Paysan, 1899.djvu/215

Cette page a été validée par deux contributeurs.
204
Claude Paysan
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

sentier caché qui raccourcit… ! les grands érables, les noyers sur le coteau, le vieux tronc d’arbre jeté en travers de la ravine, les coins de soleil où les neiges au printemps sont plus vite parties. Comme tous les souvenirs éteints reviennent en foule… Et alors, comme c’est bon de sentir deux grosses larmes douces venir sourdre tout-à-coup aux coins des paupières.

Il éprouva tout cela dans un éclair.

… Saint-Hilaire… Ce fut comme une poussée qui le souleva et vite, avant que l’express n’eut tout-à-fait stoppé, Jacques se précipitait sur la plateforme de la gare… Saint-Hilaire… déjà il en reconnaissait l’air, parfumé aux senteurs des aubépines, des cèdres et des sapins de la montagne.

Rien n’était beaucoup changé en réalité et naturellement son pied l’entraînait vers son village, par un étroit chemin détourné de piéton.

Par ce beau soleil roux d’automne, chaud comme en été, il écoutait les oiseaux dont les trilles lui redisaient nettement son Saint-Hilaire et ses bois… D’entendre ces chants, de respirer les odeurs d’autrefois, de songer en même temps à la bonne surprise que son arrivée causerait à Claude, il se sentait léger et souriant.

Quelques rares paysans, qu’il voyait de loin, travaillaient encore dans leurs champs, comme naguère…

Rien ne manquait donc à ses souvenirs ; jusqu’aux brises du Richelieu qui venaient agiter autour de lui,