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Claude Paysan
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un adieu suprême, et il se tenait là, immobile auprès d’elle, les lèvres muettes et crispées par les sanglots que dans un effort suprême de volonté il parvenait à contenir en lui.

À la fin, après un soupir de désespérante résignation, il murmura, à son tour :

— Au revoir, mademoiselle.

— Au revoir ?… Est-ce vrai ?… demandait-elle… Puis, après l’avoir profondément examiné, se reprenant comme si elle eût découvert un abîme insondable d’atroce désespoir derrière ses prunelles sombres : Au revoir ?… Comme vous me dites ça, Claude… Adieu, plutôt…

— Pourtant oui, au revoir, répétait celui-ci.

Il gardait toujours la main de Fernande et quand il voulut retirer la sienne, c’est elle qui la retint à son tour, doucement…

Et il sentit alors sa tête s’en aller, le vertige le saisir davantage, le bruit de galop précipité que faisait son cœur, les sanglots refoulés de plus en plus, suffocants dans sa poitrine, les mots fous qui lui brûlaient les lèvres…

Non, même à ce moment où il commençait à concevoir la sympathique affection de Fernande à son égard, il ne voulait pas pleurer, étaler devant elle son inutile désespoir, mettre à nu les meurtrissures de son âme.

L’homme a encore de ces courages étonnants.

Et, avec l’effort qu’il aurait mis pour rompre une