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Claude Paysan

faufilait pour jeter un furtif et rapide regard à Fernande.

Derrière l’épaule inclinée d’une vieille femme, il se penchait…

Mais son mouvement n’avait pas été assez prompt. Un regard, le même regard de renoncement et de douleur extatique qui s’était fixé sur lui un soir du mois de Marie, s’était déjà rivé sur le sien. Tout de suite ce regard avait paru s’allumer d’un éclair de joie subite qui le faisait rayonner. On y lisait presque ceci à l’adresse de Claude : Je savais bien que vous ne me laisseriez pas mourir sans me dire adieu.

Il ne bougeait plus, lui ; seulement ses yeux, qui ne savaient où se poser, roulaient désespérément derrière leurs paupières mobiles.

… Maintenant le prêtre s’en retournait ; les autres aussi qui étaient venus l’accompagner. Claude se levait à son tour, péniblement, comme sous un écrasement de toute son âme…

Alors, d’une voix tendre, presque gonflée de caresses, Fernande lui murmura en l’appelant doucement :

— Adieu, monsieur Claude…

Et, avec un délicieux sourire sans effort, pour le consoler encore, pour lui faire oublier les choses tristes qui imprégnaient l’air, elle ajoutait en lui tendant sa main fine et amaigrie :

— Elles étaient pourtant bien bonnes, les cerises…

Dans un élan inconscient de son cœur, Claude avait saisi cette main que Fernande lui tendait pour