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Claude Paysan

des faraudes aussi, auxquelles ça ne coûterait pas de faire la moitié du chemin, mais tu ne voudrais pas faire l’autre moitié, toi ; je te connais à présent… T’as peut-être raison., après tout…tu n’es pas riche puis il faut penser à sa mère avant de songer aux étrangères…

— C’est vrai, père Pacôme… c’est vrai…

… D’ailleurs, c’est si facile de trouver à se marier quand l’envie prend trop fort… Fais comme moi. va, Claude, attends… J’en aurais-t’y une mine à présent, avec mon moignon de bras, si j’avais épousé la Louise à Gauthier…

— Qui ? père Pacôme, la Louise à…

— Oui, la mère Ricard à c’te heure… Je l’ai faraudée dur dans son jeune temps… Mais, prends bien garde que ça ne te poigne à ton tour, si tu ne veux pas te marier, mon Claude… c’est le diable à lâcher — ensuite…

Il prenait son sac :

— Et ta récolte ?… elle paraît bonne… C’est bien le moins après le malheur que vous avez eu, l’an dernier, y paraît… Vous n’avez pas eu de misère toujours, mère Julienne ?…

— Oh ! non, répondit-elle… avec nos voisins, je vous assure… Quelles bonnes gens !…

— Bien oui… J’en arrive justement… ils font pitié à voir à cause de leur jeune demoiselle qui est bien malade à ce qu’ils disent… Sapristi, j’ai failli me mettre à pleurer comme un enfant quand sa mère, je suppose, une fameuse femme en tous cas, m’a demandé, en me faisant l’aumône, de prier pour elle…