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Claude Paysan

ments de courroies, des réseaux inextricables qui m’embarrassaient les jambes et me retenaient…

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… Et tu m’appelais sans cesse avec un timbre triste et mourant où tu y mêlais à la fin du reproche résigné.

« De temps en temps je réussissais à m’éveiller ; je me parlais alors, je me disais comme à un autre : « C’est un cauchemar, tu vois bien que c’est un cauchemar ; Claude est à des milliers de lieues d’ici, tu ne l’entends donc pas ; couche-toi et n’y songe plus » … Mais, tout de suite, en fermant les yeux, ça recommençait cet appel déchirant qui était bien de toi…

« Parfois, dans des intermittences de repos, c’était la voix de la mère Julienne qui reprenait à son tour avec les mêmes intonations de détresse, et malgré des efforts surhumains, je ne pouvais pas marcher, ni remuer, ni même répondre à vos cris.

« Le lendemain, en plein état de veille, ce vilain cauchemar m’a poursuivi de nouveau.

« Je savais bien, sans doute, que ce n’était qu’une aberration stupide de mon esprit, mais je n’étais pas capable d’en chasser le souvenir ; les échos si lamentablement plaintifs de ces appels, — si lamentablement plaintifs que je n’en aurais jamais pu concevoir de semblables, — je les entendais toujours, malgré moi, bruire en ondulations tristes à mon oreille.

« Alors, ça été plus fort que moi, je me suis tout de suite décidé à hâter mon départ, et dans quelques semaines…

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