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XLV


Fragment d’une lettre de Jacques à Claude :

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… sont encore les plus heureux ceux qui vivent à l’ombre du clocher de leur village.

« J’ai calculé ça hier en songeant à mille choses, il doit bien y avoir un siècle… — n’est-ce pas Claude ?… que je ne t’ai point vu, que nous n’avons pas chanté « Frère Jacques » ensemble, que je n’ai pas entendu la voix de la cloche de ta vieille église…

« Or un siècle c’est assez et je retourne… je retourne auprès de toi rattraper les heures de bonheur qui se sont si promptement enfuies lors de mon départ.

« Tu as toujours été le plus sage, toi, et j’aurais dû continuellement t’écouter ; je me serais ainsi évité bien des moments terribles, bien des misères sans nom.

C’est cependant plutôt à cause d’un rêve, un bien mauvais rêve qui m’a hanté toute une nuit, que j’ai si peu longtemps hésité à prendre une décision finale de retour.

Par mon sommeil, il me semblait que tu m’appelais constamment ; j’entendais très bien ta voix qui était pleine d’angoisse et de désespoir ; et quand je voulais m’élancer pour courir à ton secours, il y avait toujours des inerties pesantes, des enchevêtre-