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Claude Paysan
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choir imprégné de sang ; autour d’elle, sur les draps atteints dans la soudaineté de l’attaque, on voyait des taches rouges, horribles.

Elle restait inerte, immobilisée par la faiblesse et la peur de provoquer une nouvelle hémorragie, et même à ce moment-là, dans la fumée torpide qui embrumait son cerveau, elle perçut très nettement une fugitive vision de Claude.

Puis, elle vit comme un voile pesant qui descendait sur ses yeux, avec de temps en temps des scintillements brillants qui l’éblouissaient, des tintements aigus qui perçaient ses oreilles… puis elle ne vit plus rien…

— Fernande !… Fernande !… regarde-moi, parle-moi…

C’était sa mère qui, à genoux auprès d’elle, lui tenait la main et l’appelait doucement, dans son anxiété.

Fernande entendait cette voix qui prononçait son nom, mais elle lui paraissait venir de très loin, de dessous la terre et elle se sentait si abattue qu’elle n’avait point la force de répondre.

— Fernande !… disait toujours la voix angoissée de sa mère… Fernande !… parle-moi.

Cette fois, Fernande ne put résister à ce ton douloureux qui la suppliait et, dans un effort, elle ouvrit ses yeux qu’elle fixa un instant sur sa mère, puis elle ferma de nouveau doucement ses paupières.

Et la pauvre mère se sentit encore heureuse dans sa souffrance : oh ! oui, sa fille vivait.