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Claude Paysan
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aussi des piétinements affolés, des bras levés au ciel, des appels au docteur, aux passants…

Fernande, comme une pauvre brebis qu’on égorge, suivait ces agissements d’un regard éperdu, entendait sans rien dire ces lamentations et ces murmures désolés.

Oh ! l’angoisse de ces moments où l’on sent avec une complète lucidité d’âme sa vie s’en aller, fuser goutte à goutte de ses veines.

Elle avait conscience de tout, autant de son impuissance que de l’impuissance de ceux qui la regardaient, terrifiés. Elle tâchait bien de refouler loin, au fond de sa poitrine qu’elle immobilisait de la main, ces spasmes qui faisaient toujours remonter à ses lèvres ce goût nauséeux, mais c’était plus fort qu’elle, il fallait encore tousser, encore…

… Soudain, comme surprise et se demandant si c’était bien vrai, elle parut écouter, sans souffler… Oui, c’était vrai, elle respirait mieux… plus de toux, plus de spasmes… et le goût hideux à la bouche, qui lui faisait tant peur, s’en allait… c’était fini…

Alors elle se sentit faible, sans plus aucune force dans ses membres rompus, et ça tourbillonnait beaucoup dans sa chambre…

L’hémorragie n’avait duré qu’une minute, mais elle avait été terrible. Et rien n’était navrant comme l’aspect de la chambre après cette minute-là.

Fernande, pâle comme le marbre, était retombée sur son oreiller ; elle tenait encore à la main son mou-