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Claude Paysan
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Encore un été, rien qu’un été, de foin, de fleurs, de gai soleil… d’amour aussi peut-être, pensait-elle… Ensuite oui, elle ne dirait plus rien, ne pleurerait plus, ne se plaindrait pas, et elle se coucherait bien tranquille, sans bouger, pour dormir toujours, pour mourir… Mais, dans ces jours d’été si pleins de mélancolique douceur, par ce déclin désolé du mois d’août, elle ne le voulait pas…

Et à caresser tendrement les ardents désirs de son âme, elle restait de longues heures appuyée au rebord de sa fenêtre, la tête sur le bras, sans aucun regard.

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Tout à coup ce fut des cris de désespoir qu’on entendit, des cris épouvantés de mère qui voit étrangler son enfant…

Les gens de la maison accouraient, poussaient les portes, se précipitaient. Ils avaient trouvé Fernande, couchée sur un lit où elle se soulevait péniblement du coude pour tousser plus à l’aise, et à chaque spasme de sa poitrine, un jet de sang jaillissait de ses lèvres.

Elle roulait, sans pouvoir parler, ses pauvres grands yeux bistrés sur ceux qui l’entouraient, avec une manière suppliante de leur demander : non, n’est-ce pas, vous ne me laisserez pas mourir ?… Et à chacun de ses efforts de toux, toujours ce sang qui jaillissait par flots horribles.

Auprès d’elle sa mère se lamentait, repoussait les gens, criait désespérément au secours… Et c’étaient