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Claude Paysan

d’ici. J’ai fait mine alors d’être simplement venue m’asseoir à l’ombre, et j’y suis restée longtemps à me reposer.

« Au même moment, p’tit Louis passa à la course en jouant au cerceau.

« Je le trouve gentil ce petit bonhomme et, comme Claude, je m’amuse souvent à lui parler. Il vous a des réponses si drôles, des mouvements d’yeux si moqueurs qu’on se sent presque gêné parfois en voyant jusqu’à quel degré il paraît tout deviner.

« Car je suis certaine qu’il soupçonne nos états d’âme, à Claude et à moi. Ainsi, l’autre jour, après l’avoir fort taquiné sur différentes choses que je feignais avoir apprises sur son compte pour l’intriguer, je lui demandais s’il faisait encore des courses en charrette avec Claude. Il s’est arrêté avec un air entendu : Ah ! je savais bien, m’a-t-il répondu, l’œil fin, que vous finiriez par m’en parler, vous aussi.

— Qu’est-ce que tu veux dire ? lui demandai-je, un peu honteuse…

— Oui, c’est comme Claude, il n’y manque jamais, lui non plus, de me parler de vous, à la fin.

« Heureusement que je me suis contrainte pour ne point rougir, quoique je sentisse mon front en feu, car la petit sorcier, qui me regardait avec un sourire futé, aurait pu m’attribuer des sentiments que je n’ai point… il me semble

« Pendant quelques jours, je n’ai plus osé attaquer ce sujet. Malgré moi, je me sentais gênée…

« C’est vrai, au fond, que je finissais toujours par lui