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Claude Paysan

lui jetait de travers, mais il n’osait point. Car qui avait pensé à se plaindre que ça n’allait pas assez vite ? Pas Claude, toujours, qui ne s’apercevait seulement pas que la charrette menaçait de chavirer à tout moment sur les rebords des fosses… Fernande peut-être ? pourtant, malgré son air par instant songeur et grave, elle ne semblait guère s’inquiéter de la longueur du chemin.

Et p’tit Louis, jouissant glorieusement de sa naïve étourderie, sans rien soupçonner, sans rien deviner, croyant au contraire beaucoup faire rire Claude, continuait à activer l’allure de l’attelage.

… Maintenant, ils arrivaient… ils allaient se séparer… Fernande le saluait déjà gentiment comme une certaine fois :

Au revoir, monsieur Claude.

Et, à cet adieu si bon, si doux, qui lui rappelait si vivement leur première rencontre, il ne put d’abord que répondre gauchement d’un mouvement timide de la tête… Puis, l’instant d’après, comme il se retournait pour bien la saluer cette fois, il s’aperçut que Fernande le regardait encore. Alors, en affermissant sa voix, il lui dit courageusement :

— Bonjour, mademoiselle Fernande.