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Claude Paysan
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sensations qu’elle désirait plutôt endormir… Et elle continuait à parler d’autre chose…

… Tout à coup, des fois, dans une fusée de rire, son rire ouvert d’autrefois, elle tâchait d’exciter franchement la gaieté de Claude, mais au contraire son rire plaquait tant ses lèvres minces sur ses dents qu’il provoquait plutôt chez lui du chagrin.

… M’importe, ils cheminaient ainsi, lentement, au pas distrait de l’attelage et pour Claude ça allait toujours trop vite. C’était une parcelle de ses rêves qui s’accomplissait ; car il s’était si souvent représenté dans ses songes endormis ou éveillés des courses semblables à travers champs, doucement à côté de Fernande. Et subitement, dans de longs silences, comme pour mieux jouir de l’accord mystérieux qui semblait exister entre elle et lui, pour faire plus longtemps durer cette promenade exquise, il restait muet : il n’osait même pas remuer non plus à cause de cet autre sentiment qui l’agitait où se mêlaient le désir fou et la crainte affreuse d’un contact de leurs mains, d’un frôlement de leurs habits………

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… De quoi se mêle-t-il donc, ce p’tit Louis ?

Voyant que les chevaux n’avançaient plus que pas à pas, en broutant ici et là des épis de mil, il avait saisi leurs rênes et s’était mis à les conduire grand train, les gourmandant.

Oh ! il devrait bien s’occuper de ce qui le regarde, n’est-ce pas ? Claude avait même fort envie de le lui dire, puisqu’il ne comprenait pas le regard agacé qu’il