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Claude Paysan
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d’eux, Claude, le fils de la veuve Drioux, notre voisine, et ça m’a fait du bien au cœur de sentir son sympathique regard rivé sur moi.

Pauvre garçon, il paraissait me plaindre, lui qui souffre par ma faute, paraît-il, et qui est peut-être encore plus à plaindre que moi… J’ai surpris l’affreux secret qui torture sa vie et qui, depuis, me tourmente également…

… Ah ! oui, ce n’est pas triste comme l’on croit parfois de mourir ; je connais quelque chose de plus terrible, et si ce n’était pas pour sa mère, — on y pense toujours à sa mère — mon Dieu, on serait bien vite prêt, souvent… »

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Continué le lendemain, sur la page suivante :

« Je fais mine de les croire, mes amis, le docteur, ma mère, quand, cherchant à me bercer d’espérances trompeuses, ils parlent d’avenir devant moi, avec des accents de conviction sincère pour mieux m’illusionner. Dans « un an, » dans « cinq ans, » me disent-ils, avec aplomb, à tout propos.

Ils font arriver sans raison ces mots dans leur conversation pour m’amener à croire en de longues années encore… Mais en moi-même, va, comme je ne me laisse pas aveugler. Je me le rappelle trop, d’ailleurs… il en a été ainsi pour ma grande sœur.

C’était alors à mon tour d’aider à la comédie que l’on jouait devant elle dans les premiers mois de sa maladie, et les mots que j’entends aujourd’hui, l’on m’avait recommandé d’en dire de semblables en sa présence… Oui, je comprends bien tout.