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Claude Paysan
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dont la douceur expressive des lignes attestait encore la valeur artistique de celui qui les avait peints.

… C’était une bien vieille église, l’église de leur village.

Mais à ce moment-là il le fallait savoir pour s’en rendre compte, car il était sept heures et le crépuscule de mai, un crépuscule gris et fumeux entrait déjà par les fenêtres, glissait doucement sur les chapiteaux des colonnettes, embrouillait peu à peu les angles, les contours des jubés et des escaliers. Puis il y avait tant de cierges allumés devant l’autel de la Vierge, tant de reflets jaillis des cristaux des lampes, qu’au contraire la petite église semblait toute fraîche…

Ils étaient venus de loin, à pied pour la plupart, pour réciter leur chapelet et entendre les cantiques à Marie, les paysans, les paysannes, des vieux rentiers qui s’appuyaient en tremblant sur leurs bâtons, des vieilles mères qui s’agenouillaient, avant d’entrer devant quelque croix du cimetière, des jeunes garçons, des jeunes filles aussi pour chanter et apporter des bouquets de fleurs.

Eux, Claude et sa mère, s’étaient rendus ensemble, bras dessus dessous, lentement, comme des amoureux, et ils s’étaient mis à genoux l’un près de l’autre dans une banquette, en face de l’autel de la Madone. Alors un homme qui était un prêtre commença à haute voix une prière à laquelle les assistants, tout en roulant les gros grains de leurs chapelets, répondaient avec ferveur. Et c’était profondément impressionnant ce murmure général qui s’élevait en