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XXXVIII


C’était une vieille église, l’église de leur village.

Tout autour, les ormes et les pins que l’on avait autrefois plantés et qui jetaient leur ombre tranquille sur les dalles craquelées du perron, sur les tertres du cimetière, révélaient par la moisissure de l’écorce leur complète vétusté à eux aussi.

Depuis combien de printemps reverdissaient-ils ? depuis combien de temps poussaient-ils de nouvelles feuilles pour les secouer, aux automnes, sur la tête des passants ? Cette année cependant, certaines de leurs branches où la sève avait manqué étaient restées dépouillées et tristes sans plus aucune goutte de vie dans leurs fibres taries…

… C’était une vieille église.

Même à l’époque de la jeunesse de la mère Julienne, elle était déjà ancienne. Mais bâtie de manière à résister aux secousses de la terre et du ciel — avec de longues fenêtres ogivales, qui se dessinaient de loin comme des meurtrières tant elles étaient étroites, avec des murs très larges faits de lourdes pierres enkystées dans le mortier, — elle était encore tout à fait solide. On ne faisait alors rien de petit d’ailleurs, rien que des choses fortes et géantes…

Et pendant l’été, il y avait toujours, dans les angles des murs, des enfants de cathéchisme ou des hirondelles, souvent les deux à la fois, qui s’ébattaient sous