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XXXV


À chaque soir, lorsqu’il montait à sa chambre, il trouvait toujours, détachés de son bouquet de fleurs, des pétales nouveaux gisants sur la table ou déjà chassés dans les coins par quelques souffles égarés. Et maintenant sans plus aucun parfum, aucun éclat, dénudé, ce bouquet jadis si adoré n’offrait plus qu’une apparence chétive et fanée…

C’était presque devenu une petite chose insignifiante qui ne disait rien, qui ne réveillait plus de souvenirs dans l’âme. Devant ces pauvres pétales flétris, Claude lui-même ne paraissait éprouver qu’une impression très vague et très légère.

C’est que son cœur semblait se refroidir peu à peu des flammes brûlantes qui l’avaient consumé jusqu’aux fibres ; il avait l’air plus libre, moins accessible aux sensations dont le nom de Fernande l’agitait toujours autrefois. En réalité, se disait-il, ça ne devait que finir ainsi ; et il se trouvait heureux quand il y réfléchissait…

Étrange revirement des choses, c’était la mère Julienne, elle qui avait tant pleuré, qui maintenant se montrait toute attristée en remarquant l’oubli se faire en apparence dans le cœur de Claude. Sans doute qu’elle n’osait rien espérer de Fernande, mais de savoir qu’elle serait toujours à même de se reposer