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Claude Paysan

pas méchant toutefois, des envies de pleurer tant il avait peur, lui, de les voir s’échapper. Toujours le bonheur de l’un qui germe du malheur de l’autre ; toujours le rire d’autant plus doux que les larmes qui l’ont provoqué ont été plus amères… C’est bien là la vie ; et dire qu’il y en a tant qui trouvent ça beau.

Mais oui, va, ris donc, p’tit Louis, toi qui ne pénètres pas encore au fond de ces vilaines choses ; il sera toujours assez tôt de pleurer. Car vois-tu, Claude ne rit déjà plus, lui ; en y songeant, il vient de comprendre de quelle profonde tristesse chez ces petits oiseaux sera faite ta si grande joie.

… Ils étaient restés quatre emprisonnés dans le frêle filet et les autres qui étaient de leurs amis, de leurs cousins, de leurs frères, de leurs pères peut-être même, s’étaient sauvés ; tout probablement qu’ils se trouvaient heureux en eux-mêmes d’avoir échappé par bonheur, et sans plus se soucier de l’infortune de leurs compagnons, ils continuaient plus loin leurs gais pit… pit… C’était bien comme dans la vie… Allons, ris donc, p’tit Louis.

Et p’tit Louis riait, riait, oh ! oui ; il courait de toute la force de ses jambes à travers la neige blanche.

… Dans une petite cage, il les avait déposés un par un, après leur avoir très doucement, avec mille précautions. dégagé les pattes, la tête, des crins noués autour.

Puis c’était une joie sans pareille, un ravissement que de revenir les montrer à Claude… Tiens, re-