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Claude Paysan

Enfin, un bon matin de février, il avait terminé avec succès sa colossale entreprise et c’était ce jour-là qu’il était accouru.

Claude lui-même, presque redevenu enfant aussi sous le regard ravi de p’tit Louis, s’intéressait à ses jeux, lui donnait des conseils, l’aidait.

Il s’en souvenait alors comme d’hier, de ses douces années d’enfance où à son tour, il avait tendu des lignettes aux moineaux et aux grives, changé comme lui bien des nœuds qui glissaient mal, arraché bien des crins de la queue des vieux chevaux tranquilles…

… Tout d’abord, ils s’étaient tous enfuis au loin, les petits moineaux, à d’autres tas de paille, à d’autres amas de balle, et, p’tit Louis qui les guettait par la fenêtre, se lamentait… Il aurait dû y jeter un peu de grains, mieux enfoncer le cercle de sa lignette dans la neige, mettre moins de paille… Il était certain qu’ils ne reviendraient plus… les oiseaux, ça sent ça…

Tout à coup, parti de l’âme, un cri d’allégresse enfantine, un cri qui haletait : En v’là…

En effet ils s’approchaient en voletant par trois, par quatre, par dix, par cents… on ne voyait plus ni la paille, ni la neige, ni la lignette, rien que des moineaux gris qui s’en venaient tout naïvement, tout gaiement, à ailes tendues, immoler leur liberté si douce.

Et pourtant, en face de ces pauvres petits, pour qui ça n’allait pas assez vite de marcher à leur perte, qui se hâtaient d’y voler, il venait à un autre petit,