Page:Choquette - Claude Paysan, 1899.djvu/14

Cette page a été validée par deux contributeurs.
15
Claude Paysan

se tenait assis dans un coin, se leva en tendant une main pleine de chaudes sympathies à son ami Claude et l’entraîna, en même temps, au dehors sous l’ombre épaisse des cerisiers. Ils restèrent longtemps immobiles, sans phrases, le regard dans le regard, comme pour y chercher bien au fond des expressions assez justes pour traduire ce qui se passait dans leur âme.

Fernande, elle, s’était assise tout proche de la malheureuse vieille Julienne… proche jusqu’à l’embrasser comme sa vraie mère, sur le front, au milieu de mèches blanches en désordre.

La paysanne avait d’abord été gênée de ce baiser… Elle si pauvre, si obscure, devant cette demoiselle…

Mais celle-ci, lui tenant la main, ajoutait :

— Ne pleurez pas, bonne vieille Julienne — nous prendrons soin de vous, mon père, ma mère qui vous aime tant… et monsieur Claude si prévenant, si vigoureux au travail, vous soutiendra aussi… vous consolera…

…Ça lui causa un tressaillement, de tout son être, cette voix, venue elle ne savait pas bien d’où, qui lui chuchotait tout bas ces consolantes paroles de tendresse et de pitié…

Mais oui, elle comprenait… c’était cette demoiselle Fernande qui lui parlait ainsi et son oreille penchée guettait attentivement encore d’autres de ces harmonies, d’autres de ces encouragements qui venaient tomber en baume si suave sur son cœur meurtri.