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XXIX


On était de nouveau en septembre…

Septembre, ce n’est pas encore l’automne vrai, mais c’est déjà l’éclosion lente et graduelle des teintes dorées que prend à cette époque la végétation toute entière. Ce sont les ombres plus longues à cause du soleil qui se tient moins haut, qui se tient plus penché dans son ciel. Ce sont les fenêtres plus tôt et plus longtemps allumées aux grands rayons en flèches du couchant.

Les feuilles commencent à se détacher, les hirondelles commencent à fuir comme à la menace de quelque chose de méchant qui va venir.

Par contre, à cette saison de septembre, les grains qui sont tous en complète maturité donnent aux plaines et aux coteaux des aspects de merveilleuse beauté. Oh ! si l’on pouvait laisser à la terre ces teintes superbes, rousses, dorées ou argentées, dont elle se maquille.

Mais, au contraire, c’est justement l’époque que le paysan choisit pour la raser avec sa longue faux luisante, la tondre de sa véritable toison d’or…

Il lui faut même se hâter, flairer le vent et les orages qui menacent ; il lui faut prévoir les bourrasques terribles et la grêle dont les nuages se tassent parfois si subitement à l’horizon en masses noirâtres et sinistres.