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Claude Paysan

lui semblait qu’elle l’aurait caressé aussi, ce malheureux Claude, s’il avait été là…

— Non, pas celle-là, mademoiselle — Pas celle-là, jamais, c’est impossible…

Fernande s’était dégagée dans une révolte subite et spontanée de son cœur :

— Pas celle-là ?.. — Mais c’est donc une sans âme, pour que vous la jugiez de la sorte, pour que vous la jugiez susceptible d’aucun sentiment de généreuse pitié !… Et elle est ainsi faite, ah ! ne pleurez pas… elle ne viendrait peut-être qu’aggraver le malheur de votre fils et le vôtre…

— Elle n’est pas sans âme, ciel ! non… mais c’est impossible…

— Son cœur serait-il déjà pris ailleurs ?… oh ! alors, s’il en était ainsi, il faudrait bien songer à l’autre jeune homme, qui l’aime lui aussi, n’est-ce pas, et sacrifier vos souffrances à votre devoir…

— Mon Dieu ! mademoiselle Fernande… criait-elle dans une explosion nouvelle de larmes. Pourquoi vous ai-je donc parlé de toutes ces choses ?… à vous, une étrangère… Si Claude le savait…

— Comme je suis heureuse et fière au contraire de cette marque de confiance et comme je sympathise avec votre douleur…

— Mademoiselle Fernande. Ah ! mon Dieu ! si vous saviez tout…

Et, en l’enveloppant jusqu’au fond de l’âme d’un long regard suppliant, elle s’était lourdement jetée à