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Claude Paysan

qu’elle s’imaginait cela… Claude lui avait-il avoué son funeste amour, au moins ?

… — S’il lui avait avoué ?… non, mais elle le voyait bien dans chacune de ses paroles, dans chacune de ses actions, dans chacun des plis de son front.

— Et depuis quand cet amour, demandait Fernande… elle ne s’en était jamais aperçue, elle, n’en avait jamais même entendu parler… — Non, mère Julienne, il ne faut pas se faire du chagrin sans savoir… vous devez vous tromper.

— Se tromper ?… Douter ?… elle ne demanderait pas mieux ; douter, ce serait encore espérer… C’est depuis… depuis la mort de son père… Mon Dieu ! je les ai alors perdus tous les deux… Car, ce n’est plus mon ancien Claude qui me reste… c’est un autre, qui ne pense plus à moi, que je vois pleurer et dont je ne puis seulement pas essuyer les larmes…

— C’est donc bien vrai, alors ?… Et on ne l’aimait pas ?… Pauvre garçon, si ce n’était pas trop pénible… Elle se les expliquait bien maintenant leurs souffrances.

— Si je pouvais espérer au moins, reprenait tout bas la vieille… si je pouvais espérer…

— Mais il est si bon, répliquait Fernande, que probablement elle se laissera toucher et qu’elle l’aimera à la fin, cette jeune fille, si elle est bonne aussi… C’est arrivé souvent, mère Julienne… En même temps elle lui faisait des caresses naïves de petite mère, lissait les cheveux blancs de son front… Il