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Claude Paysan

logis avec sa mère. Mais à chaque fois elle le voyait aussitôt s’enfuir à son approche, derrière les murs du jardin.

Vrai, elle ne riait point, Fernande… Elle, cette demoiselle, daignait l’écouter, ce paysan. Alors il s’était mis à genoux en sa présence, comme affolé, la vue trouble, et, sans savoir ce qu’il faisait, il lui avait saisi les mains dans les siennes.

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Et c’était tout-à-coup dans son esprit des cloches qui carillonnaient, des fanfares, des sérénades inouïes qu’il entendait au-dessus de sa tête, des coins de ciel faits d’or et de diamant où il voyait glisser des anges blancs qui agitaient des ailes rapides et brillantes comme des éclairs…

Ensuite il n’avait plus eu conscience de rien. Ça avait été comme si un tourbillon furieux l’eut subitement enlevé dans l’espace.

Il ne s’était ressaisi que plus tard en présence de sa mère, la vieille Julienne. Il était revenu tout d’une haleine vers elle, le cœur débordant de délices surhumaines.

— Fernande… lui avait-il dit simplement, avec une intonation qui renfermait tous les ravissements bénis de ses rêves.

La pauvre vieille mère n’avait pas bien compris tout d’abord, tant sa surprise avait été grande, mais quand elle vit que c’était vrai, que ce bonheur-là lui arrivait — car il n’en existait pas d’autre pour donner un tel rayonnement de prédestiné à son fils —