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XXIV


Oui, Claude le savait bien qu’ « elle n’était pas pour lui » ; il se le confessait sans effort, et pourtant d’entendre le vieux Pacôme le lui affirmer de nouveau, il en avait été un instant tout bouleversé.

Il ne comprenait pas bien l’état de malaise qui l’accablait, et il s’agitait, se plaignait du calme monotone de la journée, cherchait à chasser loin de lui un je ne sais quoi qu’il ne s’expliquait pas et qui lui chuchotait constamment de très vilaines choses.

Maintenant que Jacques n’était plus là pour le distraire. il sentait souvent des désespérances profondes, des découragements de vivre et s’il se rendait bien compte de ses rêves impossibles, cela lui faisait cependant mal au cœur que quelqu’un vint inconsciemment les détruire.

Ça lui plaisait de caresser ses chimères, de les rouler dans sa tête, de s’en faire accompagner, comme d’une musique pleine de charme, dans ses monotones travaux des champs.

À part sa vieille mère, il ne lui restait plus, de ceux qu’il aimait, que p’tit Louis et son chien, Gardien : p’tit Louis, qu’il amenait partout pour chasser ses idées noires et causer surtout de Fernande, son chien, qui le suivait toujours en agitant amicalement sa grande queue en panache… Jacques n’y était plus.

Le jour, il y avait tant de joyeuses chansons dans