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XXIII


On entendait les enfants d’école qui accueillaient de leurs cris joyeux et de leurs appels ironiques le vieux Pacôme. Habitué de village en village à des ovations pareilles, celui-ci avait déposé par terre sa poche de mendiant et riait gaiement, comme pour s’amuser aussi lui.

À chaque année, en juillet ou en août, d’après un itinéraire fixé d’avance qu’il suivait avec régularité, il passait en demandant l’aumône à travers les campagnes.

Tout le monde le connaissait et comme il connaissait tout le monde, son passage était presqu’un événement. Il faisait d’ailleurs ces tournées annuelles depuis si longtemps, qu’il s’était établi presqu’un lien entre lui et les différentes familles échelonnées sur son chemin et si les enfants l’acclamaient joyeusement, tous les gens lui faisaient aussi bon accueil et lui donnaient avec générosité.

Il était manchot — un accident de son temps de jeunesse — et c’est ce qui amusait les enfants, ce moignon de bras qui secouait toujours sa manche flottante et qui s’entortillait encore si adroitement autour de son bagage de mendiant pour mieux l’enlever.

Il était bien vieux maintenant, ce bon père Pacôme. Il les avait tous vus pousser, croître, se mul-