Page:Choquette - Claude Paysan, 1899.djvu/109

Cette page a été validée par deux contributeurs.
102
Claude Paysan

hêtres rabougris, à branches rugueuses et traînantes, auxquelles il se hissait lestement pour les secouer et en faire tomber les faînes… Naturellement, il y allait…

Oui, à gauche… un pan de rocher… c’était là.

Mais il ne reconnaissait plus les arbres… Les branches étaient séchées, cassées, étendues par terre… Des fougères immenses avaient poussé aux alentours… plus de faînes…

… Il trouva aux environs un petit coin désert où il s’assit, son bon Gardien aussi, tout près de lui, tout près presqu’à le frôler.

Mais Claude n’y resta qu’un instant. Dans cet endroit tranquille où ne flottaient que les légères effluves aromatiques des cèdres et « les sapins résineux, tous ses regrets, toutes ses impressions d’isolement et de tristesse étaient revenues l’assaillir en troupe.

Il s’était tout de suite mis de nouveau à errer à l’aventure par des fourrés touffus, des enfoncements soudains en ravines, les mille accidents des penchants de montagne. Quelquefois, c’étaient des éclaircies grandioses qui s’ouvraient subitement de là sur les vallées lointaines.

De l’une d’elles, il reconnut en bas son humble maisonnette. Il distinguait la vieille Julienne qui marchait lentement, seule, dans une allée du jardin.

Alors, rien que d’avoir vu sa mère, il s’était senti le cœur plus léger… Oh ! quelqu’un l’aimait encore pourtant beaucoup au monde, ne l’abandonnerait jamais… celle-là, sa vieille mère.

Et tout en faisant dégringoler les pierres sous ses pieds, il redescendit vers elle.