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souvenir d’hôpital

l’hôpital. Des lits et puis des lits ; des chambres et puis des chambres ; des malades et puis des malades.

C’est parmi tous ces maux que l’étudiant acquiert la science de les guérir, et c’est par là que la maladie est encore bonne à quelque chose.

Ces malades de toutes sortes et de toutes catégories sont sous le contrôle direct des médecins de l’hôpital et indirectement sous celui des étudiants qui, faisant à tour de rôle leur quinzaine de stage suivant les ordonnances du chef, pansent les blessures, désinfectent les plaies, les ulcères, seringuent, poudrent, enfin se font la main aux mille détails de la chirurgie.

Un jour, j’étais ainsi stagiaire, traînant sous le bras, de chambre en chambre, mon arsenal de diachylon, de pinces, d’iodoforme, de seringues, de sublimé, de coton, faisant les pansements en bon carabin, quand je frappe au numéro…quinze… oui, il me semble que c’est quinze.

J’entends, de l’intérieur, une petite voix sur un timbre de : — deux lagers et un sauterne :

— Entrez s’il vous plaît.

Diable !… pensai-je.

J’entre.

C’était Suzanne dont le large rire désarmait l’artillerie de ses trente-deux dents : et puis tout de suite :