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Souvenir d’Hôpital




S uzanne, la petite Suzanne ; — ceux de mon temps s’en souviennent tous. Car il n’y en avait pas un d’entre nous qui n’allait pas siroter son minuscule verre d’absinthe sous l’œil velouté et railleur de cette cabaretière idéale.

Pour nous — et j’entends par là, les étudiants d’alors — après nos promenades aventureuses à travers les rues de la ville, la route la plus courte qui nous ramenait à nos mansardes était toujours celle qui passait par le cabaret de Suzanne.

Je prouve cette thèse anti-géométrique par le témoignage de mon ami Robin. Voici comment ce chemin est plus court, me répétait-il :

— En partant de chez Suzanne, j’ai tellement hâte de revenir que l’enthousiasme me donne des ailes et je gagne cinq minutes sur le temps du trajet.