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le lit no 38

lilas comme les siens… Puis cette petite avenue discrète qu’elle me dépeignit ; au pied, les sables dorés de la grève, en face, la métairie de son père, aux alentours, des alignements de platanes, les enseignes des cabarets, les nombreux clochers qu’elle voyait de loin, puis encore la grande route communale conduisant à Nantes…

Tout ça décrit avec l’éclair triste remonté dans le regard de tous les tendres et naïfs souvenirs qu’elle évoquait, décrit avec une vérité si intense… oh ! si intense et si vivante que je le reconnaîtrais tout de suite, son hameau d’Aigrefeuilles, s’il m’était donné de l’entrevoir… Puis son frère Jacques, soldat, sa petite sœur Cécile — si belle celle-là — qui riait toujours, qui aimait tant les marrons cuits sous la cendre…

Comme elle avait hâte de les embrasser. .. car elle s’en retournerait si seulement cette mauvaise fièvre pouvait finir à la fin… Et en me disant ça, elle me regardait toujours avec un air de me demander ce que j’en pensais.

Ce que j’en pensais… Je ne le lui dis jamais.

Au contraire, je l’aidais de mon mieux à dorer ses rêves et ses illu-