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le lit no 38

ment de lui-même le réseau de preuves qui le fera condamner tout-à-l’heure.

Mais non, elle répondait toujours, innocemment. Ce ne fut pas long ; à chaque question, la réponse arrivait terrible, comme si cette pauvre jeune femme s’eût voulu porter elle-même son arrêt de mort.

Tous les symptômes y étaient ; et elle ne paraissait pas se douter, dans sa naïveté, qu’elle put être malade au point d’être exposée à mourir à l’hôpital.

Mais quand s’informant du côté de l’hérédité, le docteur lui demanda :

— Votre père est-il mort de consomption ? votre mère ?…

Elle eut une expression de figure si étrange qu’on crut qu’elle avait tout deviné ; mais non, il reste toujours l’espérance, et on le vit bien quand on l’entendit répondre, avec deux larmes dans les yeux :

— Non pas, non pas, il n’y a point de consomption dans ma famille… Ah ! si, peut-être… mon père… mais pourtant, ce n’est point de consomption … il était soldat, et il est mort après la guerre de 1870 : il avait contracté ça, là, dans les camps, à travers la boue et les pluies… C’était un homme fort, très fort.