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vengeance de carabin

— Allons, mon petit ami,… grrr.. j’ai plutôt l’envie de vous donner votre billet de sortie pour le reste de l’année… grrrrr… vous êtes saoul… grrrrrrrr montez à votre chambre…

Cette apostrophe violente donna « une erre d’allée » dans la direction du quatrième étage, à Leroux qui refit l’escalier en lacet, à rebours cette fois.

Ce fut alors qu’il arriva chez moi dans l’état d’esprit que j’ai décrit au début, battant les portes, piétinant nerveusement, arrachant le faux-col raide et luisant qui lui retenait à la gorge les mots prêts à accabler le père Russell.

Mais ce qui l’aigrissait par-dessus tout, c’était l’idée de sa blonde qui l’attendait… elle-même pimpante, saturée de patchouli, le nez collé aux vitres, reluquant si son petit Paul ne venait point.

Au lieu de ça, hein, de pouvoir saluer de loin, du coin de la rue du Palais, sa payse énamourée, quel renversement !

Il faut avoir passé par là pour bien s’imaginer ce qu’un tel embêtement peut engendrer de projets de vengeance diabolique sous la calotte cranienne d’un carabin qui a déjà deux verres de « hot gin » dans l’estomac.