avec une insouciance bien de leur âge et de leur état, chantaient, joignaient leurs cris gamins aux apostrophes hardies des filles, lui, tout doucement, s’était mis à lui parler, avec des phrases simples, presque tristes, qui semblaient étranges dans ce milieu de plaisir et de débauche ; il l’avait questionnée avec sympathie.
Et elle, en tenant sur lui son regard grave et surpris, avait répondu à ses questions sur le même ton respectueux. Mais au bout d’un moment, comme prise d’une idée obsédante, en continuant de le regarder en plein dans les yeux comme un être à part :
— Pourquoi ne me tutoyez-vous pas, vous, comme font tous les autres jeunes hommes ?… Est-ce qu’on se gêne avec nous ?…
Robert resta sans réponse ; puis, pour ne rien expliquer, à son tour :
— Pourquoi ne me tutoyez-vous pas, vous non plus ?
Des raisons ils n’en trouvaient point sans doute, car ils s’étaient seulement tus tous deux, sans un mot à ajouter.
Alors, persistant toujours à l’examiner profondément, elle avait repris à la fin.
— Oh ! comme j’aimerais cela de m’entendre parler ainsi, mais s’ils nous écoutaient ils se moqueraient de