ter nos convoitises. Il savait bien, le gaillard, que sa fortune serait faite s’il réussissait, et il affichait déjà le triomphe cruel et sans cœur du mauvais riche.
À un de ces moments, où il agitait de nouveau sous nos yeux son merveilleux élixir, je lus sur le flacon : Pharmacie Leduc.
Pharmacie Leduc… J’avais justement un de mes confrères de collège employé là. Oh ! je saurai bien, va, pensais-je.
Et la clinique terminée, sans une minute de retard, je saute dans le tramway pour me rendre chez Leduc.
J’entre.
— Dis-donc, hein, Prévost, c’est ici que Belleau achète ses drogues, n’est-ce pas ?… Quelle prescription fait-il donc remplir de ce temps-ci ?… c’est une très bonne ordonnance, je crois… Y aurait-il indiscrétion à me la faire voir ?
— Belleau ?… Henri Belleau ?…
— Oui, Henri Belleau.
Il fouilla un instant dans son cahier de prescriptions, puis me le tendant sans penser à rien : Tiens, c’est simplement un mélange très ordinaire de copahu et de cubébe.
— Vraiment ?… répondis-je, désappointé ; c’est singulier.