Page:Choquette - Carabinades, 1900.djvu/147

Cette page a été validée par deux contributeurs.
131
en route

réponds-je, en ralentissant un peu l’allure de Carillon.

— Vrai ?… il se ravigote ?… le vieux va s’en tirer encore, je parie… Et le père Legault esquisse tout à coup un sourire triste qu’il souligne d’un geste navré et douloureux. C’est à cause d’une pensée sombre qui vient de traverser son esprit. Et il reste là, la tête penchée, à songer à son petit Joseph, lui si fort, si vigoureux… seulement vingt ans, et pourtant, le pauvre…

Je continue dans la poussière chaude et dorée… Il fait beau, il fait chaud.

C’est à présent un chemin tortueux, rocheux, plus tortueux et plus rocheux, montant toujours sous un dôme d’arbres verts. Carillon roule sous ses sabots les pierres usées, arrondies en boule.

À tous les tournants c’est une saveur d’imprévu qui égaye.

Les femmes appellent leurs petits blondins qui courent pieds-nus dans le sable. J’entends des bruits de volets qu’on ferme en claquant devant le grand soleil qui torréfie les pignons et les cailloux.

Et tout à coup ce sont de brusques et profonds silences, vite interrompus, où l’attelage atteint des bouts de che-