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J’embrasse votre Manoël et mon Bignat [Emmanuel Arago]. Amitiés à M. de Bonnechose,[1] que j’aime, comme vous savez, de tout mon cœur, et mille bénédictions au cher Enrico ; ne le battez pas trop.

Parlez-moi de tous nos amis ; je n’ai de nouvelles de personne, sauf de Grzymala. Chopin vous supplie d’envoyer tout de suite par votre domestique sa lettre ci-jointe à M. Fontana.

38. — George Sand à Duteil, à La Châtre.

De la chartreuse de Valdemosa, trois lieues de Palma, Île Majorque, 20 janvier 1839. Cher Boutarin, Tu ne m’écris donc pas ? Peut-être m’écris-tu et que je ne reçois rien ; car j’ai l’agrément, ici, de voir la moitié de ma correspondance aller je ne sais où ! Je suis véritablement au bout du monde, quoiqu’à deux jours de mer de la France. Les temps sont si variables autour de notre île, et la civilisation, qui fait les prompts rapports, est si arriérée autour de Palma et dans toute l’Espagne, qu’il me faut deux mois pour avoir des réponses à mes lettres. Ce n’est pas le seul inconvénient du pays. Il en a d’innombrables, et pourtant c’est le plus beau des pays. Le climat est délicieux. À l’heure où j’écris, Maurice jardine en manches de chemise, et Solange, assise par terre sous un oranger couvert de fruits, étudie sa leçon d’un air grave. Nous avons des roses en

  1. Monsieur de Bonnechose et sa femme étaient des intimes des Marliani.