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écris du bord de la mer la plus bleue, la plus pure, la plus unie ; on dirait d’une mer de Grèce, ou d’un lac de Suisse par le plus beau jour. Nous nous portons bien tous. Chopin est arrivé hier soir à Perpignan, frais comme une rose et rose comme un navet ; bien portant d’ailleurs, ayant supporté héroïquement ses quatre nuits de malle-poste. Quant à nous, nous avons voyagé lentement, paisiblement, et entourés à toutes les stations de nos amis, qui nous ont comblés de soins

M. Ferraris, sur la recommandation de Madrid, a été très aimable pour moi, et m’a paru être un excellent homme, absolument dans la même position que Manoël. Repoussé à Venise et à Trieste par le gouvernement autrichien, il attend sa destitution philosophiquement ; car, à Perpignan, il s’ennuie à avaler sa langue. Il a gardé un très doux souvenir de votre mari, et a appris de moi avec joie qu’il est heureux dans son ménage et amoureux de sa femme.

Vous avez dû recevoir de mes nouvelles de Nîmes et un panier de raisins. Je n’ai rien reçu de vous, et je serais inquiète si je n’avais de vos nouvelles par Chopin.

Notre navigation s’annonce sous les plus heureux

    suivait. Quel prétexte Frédéric aurait-il pu donner à ses amis, à ses relations, à ses élèves pour aller passer l’hiver à Nohant ? Or, les deux amants ne voulaient pas se séparer. D’autre part, depuis longtemps déjà, George Sand déclarait qu’un voyage dans un « pays à climat chaud » était indispensable au rétablissement de la santé de son fils. Sur les conseils de Manoël Marliani, consul d’Espagne, et du chanteur Valdemosa, le choix d’Aurore et de Frédéric se porta sur l’île de Majorque. Un séjour dans le midi pouvait sembler favorable à Chopin qui avait souffert d’influenza l’hiver précédent, et motiver son départ. Celui-ci souleva néanmoins de nombreux commentaires.