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45. — Frédéric Chopin à Julien Fontana, à Paris.

de Marseille.
[12 mars 1839]

Merci, mon âme, de toutes tes démarches. Des procédés aussi juifs m’étonnent de la part de Pleyel. Mais puisqu’il en est ainsi, remets-lui cette lettre, je te prie, à moins qu’il n’accepte la Ballade et les Polonaises sans difficulté. Si non, veuille porter la Ballade à Schlesinger dès que Probst t’aura versé les 500 francs. Pour faire tant que de traiter avec des Juifs, que ce soit au moins avec des Juifs orthodoxes.

Probst me flouerait plus encore, c’est un oiseau bien difficile à apprivoiser. Schlesinger m’a toujours dupé, il n’a pas mal gagné grâce à moi et ne refusera pas de nouveaux profits. Seulement procède avec politesse avec lui car ce Juif veut passer pour quelqu’un. Donc si Pleyel fait la moindre difficulté, va chez Sch[esinger] et dis-lui que je lui donne pour la France et l’Angleterre la Ballade pour 800 francs (car il n’en donnerait pas mille) et pour 1500 francs les Polonaises pour l’Allemagne, l’Angleterre et la France. S’il n’accepte pas, je veux bien les lui laisser pour 1400, pour 1300 ou même 1200 francs. Si d’autre part, Schlesinger (mis probablement au courant par Probst) te parle des Préludes et de Pleyel, dis-lui qu’ils lui étaient promis depuis longtemps car, avant mon départ, il avait demandé comme une faveur à pouvoir les éditer. Et c’est vrai.

Vois-tu, mon âme : Pour Pleyel, je romprais avec Schlesinger mais pour Probst je ne le ferais pas. Peu m’importe que Schlesinger vende à Probst mes