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SOUVENIRS INÉDITS DE CHOPIN


Voici en entier une seconde lettre écrite en polonais :

Le 16.

Cher Monsieur Chopin,

Je ne veux pas vous ennuyer avec une longue lettre, mais je ne puis auss rester si longtemps sans nouvelles de votre santé et de vos projets à venir. Nei m’écrivez pas vous-même, mais priez Mme Etienne, ou cette excellente grand’maman qui rêve de côtelettes, qu’elle m’apprenne où en sont vos forces, votre poitrine, vos étouffements, etc., etc. Il faut penser sérieusement à Nice pour l’hiver. Mme Auguste Potocka m’a répondu qu’elle fera tous ses efforts pour obtenir une permission pour Mme Andrzejewicz [ledrzeïewicz], mais que les difficultés sont très grandes dans ce malheureux pays. Je souffre de vous sentir tellement abandonné dans la maladie et le chagrin ; je vous prie de m’envoyer quelques mots à Aix-la-Chapelle, poste restante.

Je voudrais aussi apprendre quelque chose de ce Juif, s’il s’est présenté et vous a rendu service ?

Ici, il fait triste et ennuyeux, mais pour moi la vie s’écoule partout de la même manière ; pourvu qu’elle passe sans plus d’amères douleurs et d’épreuves, c’en est assez de ce qu’on a déjà dû supporter. A moi non plus le bonheur n’a pas souri sur cette terre. Tous ceux à qui j’ai voulu du bien m’ont toujours récompensée par l’ingratitude ou par différentes autres tribulations. Au total, cette existence n’est qu’une énorme dissonance.

Que Dieu vous garde, cher Monsieur Chopin ! Au revoir, au plus tard vers le commencement d’octobre.

D. Potocka.

Lettres de la Comtesse T. Potocka et de Af. Cipriani Potier.

ANTOINE PRINCE RADZIWILL

Antonin, le 4 novembre 1839.

J’accepte avec bien de la reconnaissance, Monsieur, la dédicace du Trio de votre composition, que vous voulez bien m’offrir. Veuillez même en accélérer l’impression, afin que j’aie le plaisir de l’exécuter avec vous à votre passage par Posen, quand vous vous rendrez à Berlin.

Recevez, mon cher Chopin, l’assurance réitérée de tout l’intérêt que m’inspire votre talent, ainsi que de la considération distinguée que je vous ai vouée.

Antoine, prince Radziwill.

Lettres de M. Recourt, Mme Rich, Ctesse de la Ridoste et de Mme Riewuska.

Sainte-Beuve remercie Chopin d’avoir bien voulu s’intéresser à Mlle Mazel et lui demande pardon de le faire si tard et non personnellement, mais il ajoute : « Il s’est élevé de votre montagne (i) une espèce d’orage littéraire, et plus que littéraire, dans lequel j’ai craint de me trouver quelque peu compromis. »

(i) Chopin habitait alors rue du Mont-Blanc.