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Vigile est triste parce que les malades ne veulent pas de médecin ; quel rhume extraordinaire ! »

Vers 1847, les relations de Chopin avec George Sand furent rompues. La cause dernière fut une divergence d’opinions sur le mariage de Solange, fille de Mme  Dudevant, qui épousa le sculpteur Clésinger ; mais ce ne fut, sans doute, que la goutte qui fit déborder la coupe trop pleine. George Sand, tout simplement, ne voulait plus avoir à ses côtés un homme dont la santé chancelait de plus en plus, et elle profita de l’occasion qui se présentait pour s’en débarrasser.

On peut aisément se figurer l’effet déprimant de cette séparation sur Chopin.

L’année suivante (1848), ri abandonna toutes ses leçons et partit pour Londres. De là il fit une tournée en Écosse, chez les parents et amis de son élève Mlle  Jane W. Stirling et, malgré l’état déplorable de sa santé, il fut forcé, pour subvenir à ses dépenses, de donner des concerts à Glasgow et à Edimbourg. Le climat humide de l’Angleterre eut une si mauvaise influence sur sa santé qu’il se décida, dans l’été de 1849, à rentrer à Paris. Il ne lui restait que peu de temps à vivre. Il mourut le 17 octobre 1849.

Sa sœur aînée, Louise, lui était vivement attachée : elle en donna la preuve en n’hésitant pas à entreprendre deux fois un long voyage alors qu’il habitait Paris. Elle fit ce voyage pour la première fois en 1844, avec son mari, et elle passa quelques semaines à Nohant. Pour la seconde fois Louise vint en 1849, également avec son mari et sa fille, appelée Louise comme elle. Chopin, alors très malade, l’appelait par une lettre désespérée que le lecteur trouvera dans ce recueil : c’est la dernière de celles qu’il écrivit à sa famille. Louise entoura son frère des plus tendres soins jusqu’à ses derniers moments, et ne revint à Varsovie que quand ses restes reposèrent au Père-Lachaise.

J’ai emprunté la plus grande partie de ces détails à Niecks, tout en m’en rapportant aussi aux matériaux donnés ci-après, et qui jettent une lumière nouvelle sur l’épisode des fiançailles de Marie Wodzinska avec Chopin, et sur la rupture des relations qui le liaient à George Sand.

Les additions renfermées entre les crochets sont l’œuvre de l’éditeur, celles qui se trouvent entre les parenthèses appartiennent à l’auteur de la lettre.

M. K.


Varsovie, le 27 mai 1902.