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DE L’ELBE AUX CARPATHES

Surpris tout d’abord de se voir, du rôle de maîtres, ravalés à celui d’égaux, les Allemands de Tchécoslovaquie ont fini par comprendre qu’à tout bien considérer leur sort n’est pas si mauvais. Se trouvant libres alors qu’ils s’attendaient à être asservis à leur tour, profitant des avantages d’un pays victorieux et, qui mieux est, riche et sagement gouverné, ils se sont assez vite assagis. Ils ont mis une sourdine aux impossibles rêves irrédentistes qui les orientaient vers l’Allemagne et, lâchant les politiciens pangermanistes, ils ont donné de plus en plus leurs suffrages à ceux des leurs qui préconisaient une fructueuse collaboration avec les Tchèques. Aujourd’hui, leurs représentants figurent au gouvernement de Prague.

— Notre langue est une des langues officielles, nous avons des écoles allemandes pour instruire nos enfants, et nos intérêts sont bien défendus. Que pouvons-nous demander de plus ? me disait un ne ces Allemands.

C’est la sagesse même.

Cependant que nous devisons de ces choses, mes compagnons et moi, l’automobile file, cahotée entre des bois profonds. Une éclaircie nous découvre bientôt, sur notre droite, les ruines d’un château perchées sur la haute cime d’un mont. Nous les contournons sans doute, puisqu’un instant après nous les retrouvons à notre gauche, toutes proches. C’est ensuite la route droite avec, à l’horizon, un autre mont surmonté d’un autre château. En approchant, nous distinguons deux cimes jumelles aux flancs desquelles s’attache un village dont les maisons blanches aux toits rouges font des taches lumineuses sur le fond sombre des végétations. Le château, juché sur l’un des pitons et qui domine un vaste paysage, a des restes imposants. Avec son érudi-