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DE L’ELBE AUX BALKANS

— Ou chez le dentiste, rectifie l’autre.

Et tous les deux ont raison.

Le sincère hommage rendu par la nation tchécoslovaque à la mémoire d’Ernest Denis n’ajoutera rien à la beauté de Prague.

Car, mise à part l’architecture « moderne » de ses quartiers neufs ou transformés, Prague est une des plus belles -cités de l’Europe centrale. Elle a, surtout, son caractère propre, qui se révèle par les mille détails notes au cours d’une promenade à travers les rues tortueuses de ses vieux quartiers. ^

Voici, autour de la place où s’élève la statue d’Ernest Denis, toute une floraison de palais aux façades tourmentées de sculptures, aux jardins dont les terrasses et les gloriettes montent à l’assaut des anciens remparts du vieux château. Voilà, à deux pas, une antique placette tranquille comme un coin de province, avec ses grands arbres et ses pavés raboteux entre lesquels croît une herbe menue. Là, à côté de palais somptueux (dont l’un abrite la Légation de France), s’accroupissent de petites maisons basses flanquées de vastes cours d’où l’on s’attend à voir tout à coup sortir quelque diligence.

Plus loin un ponceau enjambe un bras de la rivière où baignent des jardins en terrasses ou les murs de maisons. Les Praguois nomment fièrement ce coin leur Venise. Il me rappelle plutôt la pittoresque cité d’Argenton, dans l’Indre, et l’ami Hugues Lapaire, le passionné Berrichon, qui m’accompagne, confirme mon impression. Cependant, cette « Venise de Prague » nous a amenés, par d’étroites ruelles, sous une ’arche du vieux pont Charles d’où, par un escalier à flanc de muraille, nous gagnons le pont lui-même. Avec, à ses deux extrémités, ses portes ogivales toutes fleuries de sculptures et, le long des para-