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sont humiliantes pour mon autorité Mais je suis moins touchée de mon humiliation personnelle que du sort de mon peuple qui est menacé de voir disparaître la seule richesse qui lui donnait les vêtements et les outils qui nous sont nécessaires au degré de civilisation où nous a amenés le christianisme. Les commerçants nous répètent que la nacre ne peut pas s’épuiser, mais leur intérêt les aveugle sur cette question, et nous avons là-dessus une longue expérience qu’ils n’ont pu acquérir.

Je vous prie donc, M. le Ministre, de nous protéger par votre haute intervention.

La régente des îles Gambier,
Signé : Maria-Eutokia. »


NOTE B.


Lettre écrite par Maria-Eutokia à Sa Majesté l’Impératrice Eugénie, en l’année 1864.

« À Sa Majesté l’Impératrice des Français,

Madame,

Mon peuple et moi nous sommes plongés dans une affliction profonde. Outre que nous avons été condamnés à payer 160, 000 francs au moment où nous demandions la contre-enquête qu’avait ordonnée M. de la Richerie, commandant commissaire impérial à Tahiti, on vient de nous imposer à Mangarèva, quoique nous nous soyons soumis à cette indemnité exorbitante, un détachement militaire avec un résident provisoire.

Ce résident a voulu plusieurs fois mettre aux fers nos gardiens de baie, quand ils étaient à leurs fonctions, et il m’a menacé d’être mise aux fers, moi aussi, parce que je ne veux pas consentir à diminuer le nombre de ces mêmes gardiens, dont nous avons plus besoin que jamais.

Il est bien d’autres vexations dont je n’entretiendrai pas votre très-haute Majesté, mais je vous supplie, Madame, de vouloir bien nous obtenir un régime plus doux, nous qui étions si tranquilles, et de sauver les bonnes mœurs en péril de mon peuple, qui, Dieu merci ! est toujours à son devoir de bon chrétien.

Je prie Dieu, Madame, d’épargner à votre Majesté, les peines que j’éprouve en ce moment, et suis votre toute dévouée.

La régente des Îles Mangarèva,
Maria-Eutokia. »
Papeete, août 1870.
J. P. CHOPARD.